SHAGHA ARIANNIA, KARO KUCHAR & REBECCA BRODSKIS

TAKING BACK THE LOOKING-GLASS

SEPTIEME PARIS

29 avril – 28 MAI 2022

Et s’il était possible de reprendre le miroir que la société nous tend, d’y récupérer l’image qui nous définit pour la déformer, y peindre les tours et contours qui nous correspondent, y dessiner de nouveaux motifs et y sculpter des lignes qui épousent les nôtres ?


Pour Charles Cooley, anthropologue américain du début du XXe siècle, cette possibilité ne serait que fantasme. Selon sa théorie du “Looking-Glass self ”, l’individu se définit par rapport à la perception de ceux qui l’entourent. Le miroir, permis par l’interaction sociale, tendu par la société est l’élément fondateur de l’individu, dont la pleine existence n’est possible qu’avec le collectif. Ce processus permet la cohérence de la société, l’alignement de l’individu avec l’autre, pour assurer l’équilibre de la vie.

 

L’exposition propose de plonger au cœur du fantasme, et d’y confronter le collectif. Chacune à leur façon, Shagha Ariannia, Rebecca Brodskis et Karo Kuchar ont réussi à récupérer et retourner le miroir. Elles déséquilibrent, tordent ou dérivent l’alignement des choses pour imposer au collectif l’autorité de leurs prismes personnels, désireuses de pouvoir se définir librement par leurs gestes.


Peintre femme d’origine iranienne, Shagha Ariannia, à travers ses peintures d’hommes nus transformés en odalisques du XIXe siècle, inverse les rôles que la société a depuis faconné et cimenté. Elle propose une nouvelle version du monde, où l’homme blanc est objectifié et exotisé et où la femme peut reprendre ses droits.


Rebecca Brodskis explore ce précieux moment où l’interaction se contracte, elle capte cet instant d’entre-deux, le reconfigure et le désarticule. Dans ses fresques aux corps décontextualisés, les individus sont libérés de signes distinctifs, détachés de leur identité de genre et d’origine. Les limites sont floutées pour accéder à l’essence de l’individu. Désaliéné du regard de l’autre, il peut se dévoiler.

 

Karo Kuchar imprime sur soie et organza la mémoire des espaces. Avec, elle circonscrit maillots et sous-vêtements, seconde peau ou dernière couche avant l’intime et fait apparaître courbes et formes dans leur immatérialité. Elle montre ce qui est caché et dévoile les corps sans les dénuder, en effaçant les corps des femmes pour les rendre autrement visibles.