Ayant commencé à peindre après avoir quitté les Beaux-Arts, Gregory propose une approche assez brute de son sujet, qu’il soit humain ou plus spatial. Il explore les grandes œuvres de l’Histoire de l’Art, naviguant du portrait au paysage. Sa sensibilité personnelle à la couleur le conduit à de nouveaux pastels et à des tons plus vifs, lui donnant une touche personnelle à travers laquelle il réinvente les possibilités des formes qu’il propose. Derrière une dimension très esthétique, Gregory est en fait animé par des questions internes de nature politique et sociale. Il propulse ses propres questions et les laisse naviguer le temps de son geste, l’amenant à créer des visages, des corps et des regards entièrement issus de son imagination, ainsi que des lieux qui n’appartiennent à aucune carte.

La série “Chemises Jaunes” est née d’un sentiment de déjà vu pour ce jeune peintre d’origine béninoise lors des récents événements “gilets jaunes”. Les hommes vêtus de jaune, qui en groupe et en masse, s’organisent et trouvent une agora politique n’est pas une pratique limitée à la France. Les “zemidjans”, ou “kekenon” au Bénin, sont les taxis-motos qui portent des “chemises jaunes”, sillonnant la ville de Cotonou jour et nuit. Organisés politiquement, ils forment un syndicat pour les opprimés du corps urbain toujours plus dense qu’est Cotonou. Gregory, pour sa part, laisse les souvenirs de son enfance au Bénin se mêler aux images qu’il reçoit des médias et aux questions et utopies qui lui parviennent. Ainsi sont nées ces peintures déconnectées de toute référence, qui errent entre mémoire, actualité et révolte, dont seul le jaune peut relier des personnages imaginaires à une réalité brutale.